Décryptage
Couple et investissement : quelles sont les règles à respecter ?
« Les bons comptes font les bons… conjoints ! » Lorsqu’on partage sa vie avec quelqu’un, on a souvent tendance à mélanger son argent et son patrimoine. C’est en général au moment de la séparation ou d’un décès que les comptes sont faits et qu’on prend conscience qu’on a pu opérer des transferts de patrimoine avec des conséquences fâcheuses…
Investissement immobilier : les points de vigilance
En cas d’investissement immobilier à deux, il ne faut pas oublier que tout dépend de la situation conjugale du couple. Si vous êtes mariés, pacsés ou concubins, les règles à respecter ne sont pas les mêmes.
Si vous êtes mariés, cela dépend de votre régime matrimonial. En présence de couples mariés sous le régime de la communauté légale, un immeuble acheté par l’un des époux communs en biens ou par le couple pendant le mariage a la qualification de bien commun. Cette qualification peut être évitée et l'immeuble acquis avoir le caractère de bien propre de l'époux qui achète, à deux conditions :
- l'origine propre des deniers employés : c’est-à-dire préciser que ces fonds proviennent notamment de fonds propres et notamment de biens acquis avant le mariage, d'économies constituées avant le mariage, d’une somme d’argent reçue par donation/don manuel ou succession ou bien du prix de vente d’un bien reçu par donation ou succession
- et le respect de formalités d'emploi ou de remploi par l'époux acquéreur.
Il sera alors nécessaire de préciser l’origine des fonds employés et respecter scrupuleusement les formalités d’emploi ou de remploi des fonds propre des époux.
Pour des époux mariés sous le régime de la séparation de biens, il appartient aux époux de déterminer précisément les proportions d’acquisition pour effectuer leur acquisition en indivision. Chacun le détient en proportion de ce qui a été indiqué dans l’acte notarié d’acquisition.
Pour les couples pacsés, les règles sont un peu différentes. Tout dépend de la date à laquelle le Pacs a été conclu. Avant le 1er janvier 2007, il existe une présomption d'indivision : les biens dont les partenaires deviennent propriétaires après la conclusion du pacte sont présumés indivis par moitié, si l'acte d'acquisition n'en dispose pas autrement.
Pour un couple pacsé et ayant opté dans leur convention pour l’indivision, après le 1er janvier 2007, les biens immobiliers qu'ils achètent ensemble ou séparément à compter de l'enregistrement du Pacs sont réputés indivis par moitié. À défaut de précision dans la convention, c’est le régime de la séparation de biens qui s’applique.
Si l’un des partenaires effectue une acquisition seule, l'immeuble acquis appartient pour moitié indivise à son partenaire alors même que celui-ci n'intervient pas à l'acte.
Il convient donc d’être très vigilant sur la date du Pacs souscrit et ses conséquences pour informer le candidat acquéreur de l’option qu’il dispose d’écarter cette présomption par une déclaration figurant dans l’acte d’achat.
Pour les personnes vivant en union libre, l’acte d’acquisition du bien immobilier doit préciser la proportion dans laquelle chaque concubin est propriétaire (50/50 ou 60/40 ou 70/30…). À défaut, le bien est réputé indivis par moitié.
Assurance vie : souscription individuelle ou conjointe
La souscription d’un contrat d’assurance vie peut être réalisée individuellement ou conjointement selon le régime matrimonial adopté par les époux. C’est l’origine des fonds qui va déterminer la faisabilité d’un investissement. Or, dans la pratique, les choix opérés ne tiennent pas toujours compte de l’origine des fonds.
En présence d’époux mariés sous un régime de séparation de biens, les biens sont personnels. En principe, chaque époux doit souscrire individuellement son contrat à l’aide de fonds personnels (attention à bien respecter la réalité de la situation afin d’éviter toute remise en cause par l’Administration/héritiers du souscripteur).
Si les époux sont mariés sous le régime de la communauté aux acquêts, selon l’origine des fonds, les règles d’investissement sont différentes :
- les fonds sont communs : chaque époux peut souscrire ou alimenter le contrat d’assurance vie. Dans ce cas, en fonction de sa situation patrimoniale et de ses objectifs, le couple pourra alors soit opter pour une souscription individuelle soit pour une souscription conjointe.
- les fonds sont propres à l’un des époux : l’investissement qui est réalisé sur le contrat d’assurance vie de l’autre époux au moyen de fonds propres est considéré comme une donation indirecte. L’époux détenteur de liquidités dont l’origine est propre doit verser l’intégralité des capitaux sur le contrat d’assurance vie dont il est titulaire.
Attention :
Il pourra être envisagé, si l’un des époux souhaite rééquilibrer les patrimoines, de procéder à une donation (don manuel ou notarié) ou à un aménagement du régime matrimonial.
Sauf déclaration d’emploi ou de remploi, les fonds propres sont réputés être tombés en communauté. Ce sont les règles applicables au contrat d’assurance vie souscrit avec des deniers communs qui s’appliquent, sous réserve que la communauté doive une récompense à la succession de l’époux décédé au titre des sommes qu’elle a encaissées.
En cas de divorce, attention aux conséquences au moment de la liquidation du régime matrimonial.
Qu’il soit souscrit individuellement ou conjointement, sans précision sur la provenance des fonds, le contrat d’assurance vie souscrit pendant le mariage est réputé faire partie de la communauté.
S’il est au nom d’un seul des conjoints, le conjoint souscripteur peut conserver son contrat mais doit dédommager son conjoint pour la moitié de la valeur de rachat du contrat au jour du divorce.
S’il a été souscrit conjointement, le contrat doit être racheté et la valeur de rachat du contrat est partagée pour moitié entre les deux conjoints.
Épargne retraite
Force est de constater que l’épargne retraite constitue un actif qui prend de plus en plus de place dans le patrimoine des époux et les montants sont de plus en plus importants. Là encore, les règles sont différentes en fonction du régime matrimonial des époux. En cas de séparation ou de divorce, le sort de votre PER dépend du contrat de mariage, mais aussi de l’origine des fonds et de la date des versements.
Pour en savoir plus : « Paroles d’expert »