Décryptage
Impôts : déficit foncier et Monuments Historiques, les clés de lecture
De nombreux dispositifs fiscaux visant la pierre ont été mis en place par les pouvoirs publics afin d’inciter les propriétaires à réaliser des travaux de rénovation. Si vous avez déjà des revenus fonciers ou si vous subissez une forte imposition, deux mécanismes méritent toutefois votre attention : il s’agit du déficit foncier et des Monuments Historiques. À qui s’adresse vraiment ces dispositifs ? Quelles sont les modalités de fonctionnement de ces deux dispositifs ? Les points de vigilance ? Voici quelques clés de lecture.
Le principe : générer du déficit foncier pour obtenir un gain fiscal
L’opération consiste à réaliser des travaux dans un bien immobilier dans l’objectif de le louer non meublé, les dépenses effectuées venant neutraliser vos revenus fonciers imposables, voire une partie de votre revenu global.
Ces dispositifs s’adressent en priorité à des investisseurs qui subissent une forte pression fiscale car vous allez pouvoir profiter d’une déduction fiscale. Les sommes déductibles viendront en diminution de votre revenu global ce qui va vous permettre de diminuer votre impôt sur le revenu. Plus votre tranche marginale d’imposition (TMI) sera importante, plus votre gain fiscal sera conséquent.
Ces dispositifs seront d’autant plus avantageux pour les contribuables susceptibles d’être redevables au titre d’une année de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) à la suite d’un départ à la retraite ou d’une cession d’entreprise. La CEHR étant calculée à partir du revenu fiscal de référence, le fait de générer du déficit foncier permettra de diminuer le revenu fiscal de référence.
Finalement, l’avantage fiscal d’une déduction étant proportionnel au TMI de l’investisseur, le dispositif Monuments Historiques sera surtout approprié aux contribuables se situant dans les tranches d’imposition sur le revenu les plus élevées.
Zoom sur le déficit foncier
Dès lors que vous louez un ou plusieurs logements nus et que vous pouvez opter ou relevez du régime d'imposition au réel, vous pouvez déduire de l'ensemble des loyers perçus les frais et charges que vous avez dus acquitter au cours de l'année au titre des biens en question :
- indemnité d’éviction,
- dépenses de réparation et d'entretien,
- certaines dépenses d’amélioration,
- charges de copropriété,
- primes d'assurance,
- intérêts d'emprunt,
- certaines impositions comme la taxe foncière…
Le déficit résultant des dépenses déductibles, hors intérêts d’emprunt, s’impute sur le revenu global imposable dans la limite annuelle de 10 700 euros. Lorsque le revenu global imposable est inférieur à ce montant, la fraction non imputée est reportable sur les six années suivantes. La fraction du déficit supérieure à 10 700 euros ainsi que les intérêts d’emprunt sont, quant à eux, imputables sur les revenus fonciers des dix années suivantes.
Attention néanmoins, les travaux doivent être réalisés par un professionnel et seuls les travaux d’entretien et de réparation ou d’amélioration sont éligibles au mécanisme du déficit foncier.
Par exemple, vous remettez en état la toiture ou la façade, vous installez un ascenseur, vous réparez un tuyau d’évacuation cassé dans la salle de bains. En revanche, les travaux de reconstruction ou d’agrandissement ne sont pas concernés.
Bon à savoir :
Si vous réalisez différents types de travaux, demandez à l’artisan ou à l’entreprise de vous adresser deux factures, l’une pour les travaux déductibles de vos revenus fonciers, l’autre pour le reste du chantier. Cela vous évitera une éventuelle remise en cause de la déductibilité des travaux éligibles au déficit foncier par l’administration fiscale.
Démonstration par l’exemple
Un investisseur qui perçoit
- 20 000 euros de revenus fonciers net par an. Les revenus fonciers sont fortement imposés du fait des faibles charges déductibles (4 000 euros par an) et de son taux marginal d’imposition (41 %).
- Il acquiert un bien pour 100 000 euros et réalise des travaux pour 200 000 euros (paiement des travaux sur une seule année). Dans ce cas, les revenus fonciers sont gommés pendant 8 ans. Finalement, sur une période de 10 ans, l’investisseur pourra générer une économie d’impôt totale de 114 560 euros, soit 57 % de sa quote-part de travaux. À noter que l'avantage ainsi obtenu n’entre pas dans le plafonnement des niches fiscales.
Quelques points de vigilance toutefois. Vous devez veiller à ce que votre bien soit loué au moins jusqu'au 31 décembre de la troisième année suivant l'imputation du déficit sur vos revenus globaux, sans quoi l’administration fiscale risque de procéder à un rappel d’impôt en recalculant les sommes que vous auriez dû normalement payer.
Autre point d’attention : le calendrier à prendre en compte. Car les travaux sont considérés comme des charges déductibles non pas l'année où ils sont effectués, mais celle où ils sont payés. En fonction de votre situation, il pourrait être pertinent de payer les travaux sur une seule année ou sur plusieurs. Le bon conseil étant de réaliser les travaux et de les payer l’année où vous savez que vous allez percevoir des revenus supplémentaires susceptibles de vous faire passer dans la tranche d’imposition supérieure.
Zoom sur le dispositif concernant les Monuments historiques
Il s’agit d’un dispositif sans plafond pour les contribuables fortement imposés. Vous achetez un bien ancien dans un immeuble d'exception, classé ou inscrit au titre des Monuments Historiques délivré par le ministère de la Culture, qui sera totalement rénové sous l'égide d'un architecte de Bâtiments de France.
Cette fois-ci vous pouvez imputer la totalité du montant des travaux et les intérêts d'emprunt, en cas de financement à crédit, sur les revenus fonciers, puis sur le revenu global, sans limitation de montant. C'est de loin l'investissement immobilier qui permet de défiscaliser le plus, surtout que l’avantage fiscal de ce régime n’est pas pris en compte pour le plafonnement des niches fiscales.
Mais attention entre les règles architecturales contraignantes et l’obligation de conserver le bien pendant quinze ans, l'investissement dans un Monument Historique demande toutefois une grande préparation. Par ailleurs, les Monuments Historiques ne bénéficient d’aucune exonération au titre de l’impôt sur la fortune immobilière : ils doivent être inclus dans la base taxable. Cependant, vous pourrez les déclarer à l’administration fiscale à une moindre valeur. En revanche, vous pourrez transmettre votre bien, par donation ou par succession, en franchise d’impôt, sous certaines conditions.
Pour en savoir plus, rendez-vous à l’article suivant « En un clin d’œil ».