Décryptage
Renonciation aux capitaux décès : est-ce un choix judicieux ?
Si l'assurance vie rencontre un tel succès auprès des épargnants, c'est parce qu'elle permet de transmettre un capital à des proches dans des conditions fiscales très avantageuses. La clause bénéficiaire occupe une place centrale, permettant de transmettre ces montants en dehors des règles « classiques » de succession. En effet, si le souscripteur est libre dans la désignation du ou des bénéficiaires de son contrat (son conjoint, ses enfants, une tierce personne…), les bénéficiaires le sont également dans leur choix d’accepter ou de renoncer aux capitaux décès. La renonciation au bénéfice d'un contrat peut, de fait, présenter un réel intérêt patrimonial.
3 points essentiels
La renonciation aux capitaux décès ne se présume pas.
Même si aucun formalisme n’est requis, un écrit est nécessaire afin de pouvoir établir une manifestation claire et non équivoque de la volonté du bénéficiaire. Afin d’éviter tout risque de contestation, cette renonciation doit être adressée à l’assureur par écrit avec, par exemple, la mention suivante : « Je renonce au bénéfice du contrat d’assurance vie n°xxx ».
Il s'agit d'un droit personnel du bénéficiaire.
Le bénéficiaire choisi par l’assuré peut décider, quelle que soit sa motivation, qu’il ne recevra pas le capital (ou la part de capital) qui lui est dû.
Le droit de renoncer au contrat est une prérogative qui appartient au seul bénéficiaire du contrat. Par ailleurs, il n’est pas possible de renoncer au contrat au profit d’une autre personne. Le bénéficiaire qui souhaite renoncer devra indiquer qu’il renonce « purement et simplement au bénéfice du contrat » et non qu’il renonce en faveur, par exemple, de ses enfants. En effet, en ce cas une telle renonciation pourrait alors être qualifiée de donation indirecte.
La renonciation est totale.
La renonciation au bénéfice d’un contrat d’assurance vie ne peut pas être partielle : elle est nécessairement totale. Pour être valable, la renonciation doit porter sur l’intégralité du capital décès qui a été attribué au bénéficiaire.
Ainsi, le fait d’être désigné bénéficiaire sur différents contrats d’assurance vie permet de choisir d’en accepter certains et d’en refuser d’autres.
Remarque :
La renonciation au bénéfice de l’assurance vie n’implique aucune renonciation à la
succession lorsque le bénéficiaire est, par ailleurs, héritier ou légataire du souscripteur-assuré.
Inversement, la renonciation à succession n’emporte pas renonciation à l’assurance vie. Dans les faits,
si un héritier renonce à une succession, il ne perd pas la qualité de bénéficiaire d'un contrat
d'assurance vie.
Conséquences de la renonciation
La renonciation entraîne l’attribution immédiate et automatique, de la part du renonçant, de ses droits aux bénéficiaires de même rang ou du rang suivant.
Toutefois, si la clause bénéficiaire mentionne un seul bénéficiaire et que celui-ci exerce son droit à renonciation, les capitaux décès seront réintégrés dans la succession. Ils seront ainsi soumis aux droits de succession après application des abattements en vigueur (et non plus selon la fiscalité avantageuse de l’assurance vie).
De nombreuses raisons peuvent justifier cette renonciation.
Un choix qui profite aux proches
C’est notamment le cas du conjoint survivant qui estime qu’il n’a pas besoin du capital de l’assurance vie et
que ce dernier sera plus profitable à ses enfants : parce qu’ils ont besoin de liquidités ou qu’ils
ont un projet précis (par exemple, un achat immobilier).
Ainsi, si le conjoint survivant n’accepte pas le bénéfice du contrat, ce sont les enfants (ou d’autres
bénéficiaires de 2nd rang, selon la rédaction de la clause) qui se partageront le capital en
profitant de la fiscalité favorable de l’assurance vie, et notamment de leur abattement fiscal personnel de
152 500 € sur la somme reçue (pour les primes versées avant les 70 ans du souscripteur
assuré). Tout cela permet donc d’optimiser fiscalement la transmission.
Le cas de figure conjoint non-acceptant/enfant(s) n’est bien sûr pas le seul. Par exemple, les enfants peuvent refuser le bénéfice d’une assurance vie ; ainsi les petits-enfants du défunt pourraient profiter de ces capitaux décès.
Bien souvent, la renonciation au bénéfice de l’assurance vie est un choix justifié par une stratégie de transmission patrimoniale. Cela permet, en effet, de favoriser d’autres héritiers.
Pour optimiser la transmission, attention à bien prendre conseil auprès du Notaire en charge de la succession avant d’accepter le bénéfice d’un contrat d’assurance vie. N’hésitez pas à contacter votre Conseiller en Gestion de Patrimoine. Il pourra vous guider dans vos choix.